portraits_de_blogueurs

Si, comme elle le dit elle-même, la « Psycho-blogosphère » était une petite ville, elle en serait forcément le quartier latin. Bien cachée en embuscade derrière son clavier, Paulita mène depuis trois ans une guérilla sans merci contre les petits (et gros) tracas de la vie, consignant sur son blog au jour le jour les victoires grappillées sur le destin. Les explosions de joie y succèdent aux coups de gueule en guet-apens, le plus souvent avec le renfort de vidéos recrutées sur YouTube et consorts (une redoutable version japonaise du « Lundi au soleil », par exemple). Véritable (com)battante du quotidien, cette mère célibataire conjugue ses singularités au pluriel – et en deux langues – avec toutefois une seule et même conclusion : « viva la vida ! »

Pourquoi vient-on sur votre blog ?
C'est aux lecteurs qu'il faut demander mais je peux avancer plusieurs suppositions. Sûrement parce que je suis une femme, mère « céli-battante » qui essaie de comprendre ce que c'est d'être femme, là, aujourd'hui. Comment aime-t-on ? Peut-on encore croire au Prince Charmant ? Comment être mère et business woman en même temps ? Comment être avec l'homme d'aujourd'hui ? Puis simplement comment vit-on là en 2008 ? Etre femme aujourd'hui, ce n'est pas facile. Tout est une question de féminité. Je pense que certains hommes ont peur de cette féminité-là. On est indépendante de A à Z ; ce qu'on désire, c'est de l'amour, c'est tout. Dans ce blog, je n'ai jamais menti, j'ai toujours écrit, comme une respiration, mes envies, mes ratures, mes défauts, mes bêtises, mes misères sans avoir l'impression d'être jugée. Quand j'ai ouvert ce blog il y a trois ans, c'était pour chercher mes victoires, à commencer par celle, essentielle, de réussir ma vie en tant que femme et mère célibataire qui part avec 300 mètres de retard. Je ne savais pas à quel point je réussirais à gagner quelques victoires bien plus importantes. On cherche tous à réussir sa vie, non ?

Une raison d’arrêter votre blog ?
J'ai failli fermer plusieurs fois ce blog. J'ai effacé souvent mes notes. L'impression d'avoir été au bout, de me répéter… Mais finalement ce blog est comme moi dans la vie. Il m'a permis d'avancer C'est un endroit où je peux déposer mes caresses et mes ratures, dans ma course folle quotidienne. J'ai grandi avec le blog, il m'accompagne. Dans la vie, on fait un pas, on recule, on tombe, on ré-appuie sur le mauvais bouton, on cherche. On est vivant... Il faut accepter ses failles. J'ai créé mon blog un peu par hasard. Au début la psycho-blogosphère était une petite rue très particulière. On parlait de nos vies, de nos attentes, de nos angoisses... On se commentait tous, tout le temps, à chaque note... Puis la rue est devenue une autoroute. Pourtant cet espace a gardé une atmosphère particulière.

Quel est votre rapport aux commentaires laissés sur le blog ?
Ils sont importants. Evidemment. D'abord, grâce à eux, on se rend compte que ce monde virtuel est tout de même peuplé de « vraies » personnes. On écrit une note qui nous semble importante ou qui nous a demandé un bout de nous-même, alors les commentaires sont autant de regards – le plus souvent bienveillants, doux, poignants ou drôles – qui véritablement vous touchent. On sait que tel lecteur va voir le petit secret caché derrière les mots. On se sent moins seul. Les commentaires, c'est comme dans la vie : on raconte un truc à sa frangine ou à sa copine et on attend sa réaction pour se rassurer, pour se recentrer, pour partager... C'est de l'amour qu'on brasse, c'est de l'humain. Si j'écris une note sur ma mélancolie, ce grand châle qui me tient à distance du chaos et de l'hystérie, et qu'après je lis les commentaires de personnes qui me comprennent réellement, ça me bouleverse. Vraiment. C'est peut-être ça la clé des blogs de vies : ce partage-là.

Quel est le mot ou la situation qui revient le plus souvent dans votre blog ?
« Victoria » sans doute (sourires), les victoires que je suis allée chercher. Il y a aussi « mis hermanos » (« mes frères »), qui désigne dans mon vocabulaire les blogueurs de Psychologies.com. : au début de la psycho-blogosphère, nous formions une petite communauté où chacun était le voisin de l’autre, et même un peu plus. Comme je suis à moitié andalouse, j’utilise beaucoup d’expressions espagnoles et j’ai choisi le mot « frère » pour souligner cette touche affective. Ca veut dire « je te lis, tu me lis et je sais que tu sais… ». Sinon, le mot « vie » et toutes les déclinaisons qui vont avec... Puis « solitude », « liberté »... Et enfin la citation qui m'accompagne depuis mon premier jour de blog : « Laisse mouton pisser, il adviendra ce que pourra » (rires).

Si je vous dis « ego », à quoi pensez-vous ?
Ah ben ça, on est tombé dans son nombril de par ici. Mais finalement pourquoi pas ? La vie va si vite, on nous sollicite tellement. Se concentrer un peu sur son ego, sur son nombril, ça ne fait pas de tort. Tant qu'on ne perd pas de vue que sans les autres, nous ne sommes rien.

Qu’est-ce que le blog a changé dans votre vie ?
Le blog n'a pas changé ma vie, il m'a accompagnée et permis de mettre ici ce que parfois je n'osais pas trop dire dans ma vraie vie. Alors la réponse à deux balles (rires) : « oui j'ai rencontré des vraies personnes, de vrais amis que surtout je n'ai pas envie de perdre ».

Quel(s) blog(s) nous conseilleriez-vous ?
Pour rester dans la psycho-blogo, il y a deux blogs de deux hermanos que je vous conseillerais. Celui de Louwil, « Maintenant que j'y pense », qui est un homme qui a une intelligence humaine comme j'ai rarement rencontré. Ses notes sont des bouts de vies plein de beauté et de respect. C'est du pur bonheur... Puis il y a un autre blogueur que je lis quotidiennement, c'est Less, « Un lieu d'existence »... Peut-être parce que c'est mon pendant masculin, un homme en quête de son lieu d'existence, et qu'il m'aide aussi à comprendre. Je n'ai jamais vu quelqu'un qui utilisait autant de points d'exclamation (rires) ! Et si je quitte un peu cette sphère, je lis beaucoup Veuve Tarquine, une avocate qui a perdu subitement son mari et qui vit avec ses trois loulous. Elle écrit divinement bien et chaque note est vibrante, prenante et intelligente...

Propos recueillis par Michaël Rochette

Pour découvrir le blog de Paulita : brouillard.blogs.psychologies.com
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