Couple
Lui et moi, on n'a pas le même rythme
Former un couple, c'est regarder dans la même direction. Bon, ça, on a compris. Mais quand on ne regarde pas en même temps, on fait comment ?
- On est décalés... dans nos horaires
Un matin comme un autre. Le réveil sonne, on tente vaguement de le pulvériser, on renonce, puis on referme les yeux pour essayer de reprendre le fil de notre rêve (on était enroulée dans un rideau de douche, façon rouleau de printemps, George Clooney tirait sur un bout qui dépassait...). C'est le moment où notre chéri, hagard, beugle « mais tu as vu l'heure ? ». Lui, il l'a bien vue en tout cas : une demi-heure qu'il est rasé, douché, caféiné. Et trois fois (enfin, c'est ce qu'il dit, nous, on ne se rappelle pas) qu'il vient tenter de nous faire lever, là, tout de suite, si on ne veut pas encore devoir chercher une excuse minable en arrivant au boulot. C'est ainsi, et on l'a toujours su : Chéri est du matin, et nous du soir. Un temps, on a trouvé ça touchant. Quand il nous apportait le petit déj au lit, par exemple. On a déchanté quand on s'est rendu compte que ce décalage rejaillissait sur toute notre vie à deux : non seulement on est rarement synchrones côté sexe, mais en plus il ne conçoit pas les départs en vacances après six heures du mat (« sinon, c'est pas cinq heures qu'on va mettre pour arriver chez tes parents, c'est douze ! Déjà qu'on se les coltine une semaine... ») et il lui est arrivé de quasi mettre à la porte (« je ne vous chasse pas, hein, mais je vais me coucher ! ») les huit personnes qu'on avait invitées à dîner. Et quand on a essayé - rarement - de s'adapter l'un à l'autre, ça a toujours foiré. Le jour où il a voulu nous aider à préparer la réunion ultrastratégique du lendemain, et qu'il a piqué du nez vers 23 heures, on lui a hurlé un truc très moche, genre « quand on se couche avec les poules, on reste un loser ». « C'est qu'on ne peut vraiment pas, physiologiquement, se caler sur les horaires de l'autre, explique Bernard Geberowicz, thérapeute du couple. Nos rythmes dits circadiens (veille/sommeil, activité/repos) commandent toutes nos autres fonctions (respiratoires, cérébrales...). Les changer, c'est donc s'infliger une violence physique extrême. » Sans compter que notre rythme personnel vient aussi de notre famille : être du matin ou du soir, c'est en partie héréditaire (scientifiquement prouvé !), « et l'éducation qu'on a reçue renforce ces habitudes, reprend Bernard Geberowicz. On a tous entendu des injonctions du type "l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt" ou "pas d'heure pour les braves". Qu'on les ait intégrés ou combattus, ces principes sont devenus des convictions profondes, ancrées en nous. »
Conclusion ? On se fiche mutuellement la paix, chacun pratique ses activités en solo à l'heure où l'autre dort - ou fait l'huître sur le canapé. « Ca marche à condition qu'il existe une confiance mutuelle, et que chacun soit rassuré sur l'amour que lui porte l'autre, précise Jacqueline Sorbier, psychologue et psychanalyste. Si on prend le temps, régulièrement, de se dire et de se montrer qu'on s'aime, le temps passé séparément ne nuit pas au couple, il devient une source d'enrichissement. » Celles qui ont testé confirment : « Depuis que Fred a arrêté de se forcer à me suivre dans toutes les fêtes, lui qui n'aime que les marchés au petit matin, ça va beaucoup mieux entre nous, raconte Elsa, infirmière, 32 ans. On se ménage plein de moments ensemble dans la journée, on se raconte ce qu'on a fait séparément, personne ne se sent abandonné. On se parle peut-être même plus que certains couples qui restent tout le temps collés ! »
Constance Legrand
© (2006) Mondadori France Digitale
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