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 Hassan II, Pourquoi il fascine encore

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badram
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MessageSujet: Hassan II, Pourquoi il fascine encore   Hassan II, Pourquoi il fascine encore EmptyDim 6 Juil - 11:30

Hassan II, Pourquoi il fascine encore Couv_314
Phénomène.
Hassan II, Pourquoi il fascine encore
(AFP)
En 38 de règne sans partage, Hassan II s’est forgé une légende, qui perdure bien après sa mort. Décryptage.
“On avait peur de Hassan II, aujourd'hui on a peur pour Mohammed VI”, répétait souvent l'homme de la rue, à l'accession au trône du jeune roi. Justement parce qu'il était craint, Hassan II rassurait aussi : on savait le pays tenu par une poigne de fer et on le croyait protégé par la baraka de son souverain. Mais voilà maintenant neuf ans que Hassan II a passé l'arme à gauche, laissant le Maroc orphelin de son “Sauveur” et de son “Réunificateur”, comme il se plaisait lui-même à se désigner.
Aujourd'hui, dans la mémoire collective des Marocains, Hassan II, c'est tout et son contraire, à la fois monarque éclairé et tyran féodal, intellectuel curieux et décideur autoritaire. La légende hassanienne s'abreuve de ces contradictions, comme pour mieux montrer la profondeur d'un personnage excessif, qu'on ne saurait réduire à une épithète unique. Hassan II fascine, parce qu'il a été roi bien sûr, avec tout ce que cela suppose d'apparat et de secret, mais surtout parce qu'il a duré. L'héritier d'une dynastie séculaire, aux prises avec un peuple à mater, était aussi une personnalité brillante qui a fasciné ses contemporains bien au-delà des frontières du royaume. Les plus grands médecins l'ont soigné et il se targuait de parler science avec eux, il s'est adjoint les services et les conseils de juristes comme Maurice Duverger ou Georges Vedel. De Bill Clinton à Jacques Chirac, le gratin du monde s'est même bousculé à ses obsèques et a sué dans la poussière de son dernier cortège. Quelques mois plus tôt, beaucoup n'avaient pas fait le déplacement pour les funérailles de son “cousin” Hussein de Jordanie… En fait, c'est en donnant à son règne un rayonnement international, mais aussi en surfant habilement sur son image ambivalente, que Hassan II s'est imposé au panthéon des grands rois. Son peuple en a souvent payé le prix.
Un prince déjà roi
“J'ai dû à la fois enterrer un père et un prince héritier qui ne comptait jamais accéder au trône”, expliquait Hassan II à son biographe Eric Laurent, qui l'interrogeait sur son accession au pouvoir en 1961. Insistant sur les vingt ans qui le séparaient de son père, il pensait ne jamais être que le “brillant second” d'un roi encore jeune et appelé à régner longtemps. Pourtant, le défunt monarque a bien été éduqué pour être roi. Mohammed V n'a jamais fait mystère que son fils Moulay Hassan serait appelé à lui succéder. Et très vite, le jeune prince s'est vu dans le costume d'un roi. Comme en 1955 où, de retour d'exil, il est reçu chaleureusement avec son père par une foule en liesse, aux cris de “Vive le roi !”. Le prince héritier se tourne vers son père et lui demande en substance : “Que ferais-tu si, au lieu de scander ces slogans à ta gloire, le peuple réclamait ta mort”. Réponse atterrée de Mohammed V : “Dieu me préserve d'une telle éventualité”. Et le futur Hassan II d'enchaîner : “Moi, je materai ces gens hystériques”.
Encore prince héritier et même enfant, Hassan II était conscient du rôle qu'il serait amené à jouer, pétri du sentiment très makhzénien de son importance. Ignace Dalle rapporte, par exemple, dans Les trois rois l'incident qui a opposé le jeune Moulay Hassan, alors en exil à Madagascar, à un commissaire français. Ce dernier aurait tout simplement lancé au prince : “Majesté ou pas, je m'en fous !”. Blessé, Moulay Hassan s'est fendu d'une lettre de protestation (par la suite récupérée par les archives du Quai d'Orsay) à son médecin français qui avait assisté à la scène : “J'attendais de vous que, pour votre Auguste Ami, vous refusiez de prendre la même voiture que celui qui Nous a offensé. Tant pis ! Quoi qu'il en soit, je compte sur vous pour que de telles vexations ne se reproduisent plus. Sa Majesté, à qui j'ai rapporté le fait, en a énormément souffert, et cette dernière blessure n'est point faite pour la ramener à mieux juger vos compatriotes”.
Même exilé et mis à la porte de son pays par l'occupant français, Moulay Hassan est plus que jamais pénétré de sa grandeur. C'est l'adversité de cet exil doré qui a forgé la légende d'un roi revanchard, qui n'aurait jamais accepté l'humiliation d'un père longtemps inféodé au protectorat. Interrogé sur ses relations avec Mohammed V, Hassan II répondait à Eric Laurent : “Nous étions devenus, avec tout le respect que l'on doit à son père, de très grands amis”, accréditant ainsi l'idée d'un fils prenant l'ascendant sur Mohammed V. Idée que défend aussi Ignace Dalle : “Aux côtés d'un père de santé fragile, tourmenté et indécis, et face à une classe politique dont les éléments les plus remarquables n'ont pas renoncé à imposer leur vision au Palais, Moulay Hassan, qui domine intellectuellement son père, s'impose rapidement pour toutes les parties comme un interlocuteur incontournable”, écrit l'auteur des Trois rois.
La baraka hassanienne
Associé au pouvoir très tôt, Moulay Hassan a officiellement été désigné prince héritier en 1957, soit un an à peine après l'indépendance. En 1947 déjà, à seulement 17 ans, il avait participé au voyage historique de Mohammed V à Tanger. Mais Hassan II n'a pas été qu'un roi précoce, il a à la fois duré et survécu. Toute une mythologie populaire s'est construite sur sa fameuse baraka, celle qui lui a permis d'échapper à deux tentatives de coups d'Etat. Lors du putsch de Skhirat, l'assistance est restée ébahie de voir Hassan II apparaître comme par magie, encadré par les cadets (censés le capturer) et demandant aux présents de réciter la fatiha. A ce moment seulement, ses invités comprirent que le trône était sauvé. Rien n'avait transparu sur le visage du souverain, impassible… Sa réputation de courage était née, renforcée par le souvenir de sa vieille blessure de guerre, en 1958, quand il survolait à bord de son hélicoptère un Rif en pleine rébellion.
Au lendemain des coups d'Etat manqués, la répression est encore plus terrible. Hassan II la justifiera bien plus tard avec les accents d'un monarque de droit divin : “Nous avons essuyé deux cyclones en moins d'un an. Beaucoup de choses étaient à terre mais, grâce à Dieu, tout était propre. La pluie lave. Tous les mauvais arbres ont été enlevés. C'est comme si Dieu voulait faire la toilette de ce pays”. Cette référence à Dieu est une constante de la légitimité alaouite, réactualisée par Hassan II dans le sens d'une confusion du politique et du religieux. Celle d'un roi de droit divin, Commandeur des croyants qui, dans le même temps, dote le royaume de sa première Constitution. Un monarque qui choisit de s'ancrer dans le droit positif occidental tout en restant fidèle à la tradition juridique islamique. Se référant presque toujours à Dieu et jouant parfaitement le rôle de sage parmi les sages, Hassan II a aussi souvent revendiqué la force de son instinct. “J'ai laissé mon instinct changer un certain nombre de choses”, explique-t-il par exemple à Eric Laurent, pour justifier l'évolution de son règne après les putschs de 1971 et 1972.
Ainsi se construit la fascination qu'exercera Hassan II : l'héritier légitime précoce, devenu un souverain de droit de divin, a échappé de justesse à la mort. Trois ans après, il a complètement retourné la situation : ses opposants sont presque tous hors d'état de nuire, son peuple l'adule (ou du moins, le craint) et le monde le respecte. “Hassan II n'a pas seulement eu la chance insolente d'échapper à deux attentats, mais l'Histoire ou les hasards du calendrier lui ont aussi souri, lui fournissant l'occasion de repartir sur de nouvelles bases et de consolider définitivement son trône”, explique Ignace Dalle. C'est en fait la Marche verte qui redore le blason d'un roi longtemps sur la sellette. Presque toutes les voix concordent aujourd'hui pour acclamer le “coup politique génial” qu'elle a constitué. “La Marche verte est une invention formidable. La façon dont il a reconquis la population et fait l'unité des partis politiques est incroyable. Il l'a fait au nom de l'unité de l'Empire et de la sacralité de la terre saharienne”, analyse le journaliste et écrivain Jean Daniel, admiratif.
Coup de communication et immense mirage pour ses détracteurs, la Marche verte est néanmoins mise au crédit de la monarchie. Comme si, toutes proportions gardées, les Américains aujourd'hui se félicitaient de leur victoire en Irak, feignant d'ignorer la guerre qui s'enlise. En ouvrant un conflit que le Maroc peine encore à régler, la Marche verte aurait en fait uni la nation, non pas dans l'élan d'une victoire, mais dans une sorte de surenchère nationaliste qui a ajourné le développement économique du pays. Dans la logique de Hassan II, son trône avait, peut-être, ce prix là.
Dieu et Machiavel
Pierre angulaire de la fascination pour le “génie hassanien”, la Marche verte a constitué un tournant pour le roi. Pour la première fois, il semble prendre l'ascendant médiatiquement et dans les cœurs. La presse internationale commence à lui reconnaître la stature d'un grand chef d'Etat. Sa réputation de noceur passe désormais au second plan. En 1976, au moment où il publie Le Défi, la parenthèse de la monarchie menacée est refermée. Et il en a retenu les leçons. Son livre s'ouvre sur un verset du Coran (“Celui qui s'attache fortement à Dieu sera dirigé sur la voie droite. Attachez-vous tous fortement au pacte de Dieu ; ne vous divisez pas”), immédiatement suivi d'une citation de Machiavel : “Si conspirer contre un prince est une entreprise douteuse, périlleuse et imprudente, conspirer contre deux est vain et insensé”. Ainsi, dès la première page le message est clair : “Suivez-moi comme je suis la voie de Dieu, toute dissidence est vaine”. Dieu pour carotte et Machiavel en guise de bâton !
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MessageSujet: Re: Hassan II, Pourquoi il fascine encore   Hassan II, Pourquoi il fascine encore EmptyDim 6 Juil - 11:31

Car l'islam, saupoudré d'un vernis démocratique et libéral puisé en occident, est bien le socle de la légitimité alaouite. Très tôt, Hassan II a compris le parti qu'il pouvait tirer de son statut de Commandeur des croyants, et du rôle qu'il avait à jouer en tant que guide religieux. “Mon avis personnel, en tant que musulman, est que l'islam comporte tous les principes qui font de l'action sociale un devoir pour tout musulman”, déclarait-il en 1957, alors qu'il n'était encore que prince. Ajoutant : “Nous devons considérer l'islam sous un nouvel angle, celui du XXe siècle, et nous y retrouverons tous les principes dont nous avons besoin pour fonder une société qui emprunte au capitalisme ses aspects les plus positifs, sans pour autant se laisser asservir par l’argent”. C'est ainsi, en s'appuyant sur le référentiel islamique, que Hassan II a parfois justifié sa politique atlantiste et anti-communiste.

Mais le défunt roi a constamment brouillé les cartes, jouant des influences contradictoires de son éducation. “Il y a dans mes choix un minimum de culture. J'ai eu la grande chance d'avoir une double culture, aussi solide d'un côté que de l'autre”, répondait-il ainsi à Eric Laurent l'interrogeant sur ses décisions à contre-courant des autres pays arabes. Pour expliquer le multipartisme, le choix de l'agriculture, ou même sa diplomatie pro-occidentale, Hassan II pouvait ainsi puiser dans son éducation traditionnelle pétrie d'islam, aussi bien que dans les Lumières occidentales. Il citait indifféremment le Coran ou Montesquieu. Tous les textes constitutionnels marocains sont d'ailleurs le fruit de cette improbable synthèse. La Constitution de 1963, qui proclame pour la première fois que “la personne du roi est inviolable et sacrée”, renforce la légitimité religieuse et historique du monarque en la rehaussant d'un vernis parlementariste et démocratique.

Visionnaire ou calculateur ?
Pour les thuriféraires de l'ancien règne, Hassan II était un génie politique qui a su tirer son épingle du jeu à un moment où le Maroc regorgeait de personnalités à la carrure internationale : les Allal El Fassi, Mehdi Ben Barka, Abderrahim Bouabid, ont finalement permis à Hassan II d'asseoir sa légende. Le roi a eu une opposition à sa mesure, et le combat était loin d'être gagné d'avance. Hassan II était conscient de l'ascendant qu'il avait pris sur les leaders politiques de son temps. A son biographe Eric Laurent, il est allé jusqu'à déclarer : “Si chaque fois qu'un parti tenait son congrès, je me présentais dans la salle en disant : ‘Je me propose comme secrétaire général ou président’, je serais élu par ovation à l'unanimité”. Et il avait raison, mais sans doute pas comme il se plaisait à l'affirmer, parce que “(s)on peuple (l)'aime”.

Car est-il vraiment nécessaire de rappeler Tazmamart, Derb Moulay Chérif, les multiples procès politiques pour “complots” qui ont émaillé tout le règne du défunt “Rassembleur” ? D'ailleurs, c'est au moment même où il décide une première fois de s'ouvrir aux partis politiques que la répression atteint son summum. Les années 1974-1975, celles du consensus et de l'union nationale, sont aussi les plus dures du règne de Hassan II. “Après les coups d'Etat, Hassan II a compris qu'il avait besoin d'une opposition officielle et légaliste, pour éviter l'émergence d'une opposition souterraine”, explique un ancien détenu du 23 Mars. Et d'ajouter : “Hassan II a adopté une stratégie reprise par les néo-conservateurs américains : anticiper toute opposition. Il savait que le rapport de force avec les partis politiques était réversible, sa mission était de le rendre irréversible”.

Les admirateurs de Hassan II louent aussi le “coup de génie” qui lui a fait amorcer le virage des années 1990. Le défunt roi aurait très vite compris la portée de la chute du bloc communiste, et l'importance que seraient amenés à prendre les droits humains dans les relations internationales. En réalité, l'ouverture politique de la fin de règne doit plus au choc de Notre ami le roi, publié par Gilles Perrault en 1991, et au nouveau regard que portent les journalistes étrangers sur un monarque à la vengeance mémorable. C'est l'époque où filtrent les premières révélations sur la famille Oufkir, emprisonnée de geôle en geôle pendant 17 ans. Ce virage qui s'est manifesté par les Constitutions de 1992 et 1996, par l'apparition éphémère d'un ministère des droits de l'homme, par la création du CCDH, et finalement, grand aboutissement, par l'arrivée de la gauche au gouvernement en 1998, a permis de donner un second souffle à la fascination exercée par Hassan II : il n'était plus seulement le monarque fort et craint, il est devenu, dans l'imaginaire collectif, un roi magnanime et visionnaire.

Schizophrénie royale
“Les contradictions de Hassan II sont multiples : à la fois un despote, mais un despote éclairé ; un autocrate, mais un occidental de progrès ; un féodal, mais en même temps un homme préoccupé de modernité”, écrit Jean Daniel en 1997. D'une phrase il résume la schizophrénie hassanienne : “C'est un homme qui a le sens des gestes seigneuriaux et la cruauté des grands féodaux”. Cette schizophrénie, le défunt roi en a joué, et il l'a même presque assumée. “Tout homme a son double. Nous sommes tous des schizophrènes. Mais c'est en empêchant nos passions contradictoires d'arriver à exacerbation que nous gardons l'équilibre”, confiait-il ainsi à Eric Laurent. Quand, sur le tard, Hassan II a abordé la question de la trahison d'Oufkir, c'était toujours en jouant sur le registre de la double personnalité : “Il y a l'homme qui a souffert de l'ingratitude, mais il y a le roi du Maroc”, avait-il pris l'habitude de répondre.

Hassan II semblait constamment en représentation, comme investi d'un rôle. Il était passé maître dans l'art de la mise en scène. Ses interventions médiatiques sont d'ailleurs des moments politiques mémorables au cours desquels il a joué avec toutes les images qu'on lui connaît : tour à tour menaçant, paternaliste, énervé, bienveillant, charmeur ou indifférent… Dans ses colères comme dans ses vengeances, perçait un cynisme froid, presque du sadisme. A Abdeslam Yassine qui diffusait L'islam ou le déluge, il répondait par un internement en asile psychiatrique ; à Abderrahim Bouabid qui s'opposait à lui sur la question du Sahara, il ordonnait l'exil à Missour, désignée par la vox populi comme la “capitale des ânes”, en raison de la forte présence de cet équidé dans la ville. “Finalement, résume le journaliste Khalid Jamaï, Hassan II était à mi-chemin entre Louis XIV et Haroun El Rachid, entre l'absolutisme français et les fastes de l'Orient”. Car il y a bien une fascination occidentale pour l'ancien roi. “Les Français ont le choc d'une grandeur. Cette grandeur qu'ils regrettent depuis Louis XIV et Napoléon. C'est une vision orientaliste”, explique notamment Jean Daniel. De ses propres aveux, Hassan II préférait, lui, s'identifier à Louis XI, le roi qui a affermi la monarchie française, en domptant tous ses vassaux. Sans doute une manière de justifier la guerre inlassable qu'il a menée contre tous ses ennemis, et dans laquelle s'est longtemps épuisé son règne.

Le roi de la com’
Un autre volet de la fascination actuelle pour Hassan II réside évidemment dans sa diplomatie hyperactive, sans commune mesure avec le poids économique ou militaire du royaume. Les Marocains se souviennent d'un souverain qui a fait briller le Maroc de mille feux, qui a reçu les plus grandes personnalités du monde. En 1985, il était le premier chef d'Etat arabe à accueillir un pape, dans un véritable événement populaire. Il a su aussi donner au Maroc (dans la lignée de son père) l'image d'un pays tolérant : ouvert sur l'islam et sur le christianisme, mais aussi impliqué dans les affaires de la communauté juive. Alors Hassan II, compagnon des Juifs ? Sans doute n'avait-il pas les mêmes pensées désintéressées que Mohammed V. En tout cas, la communauté juive marocaine, dont il a continué à choyer les leaders, lui a permis de légitimer son rôle d'intermédiaire dans le conflit israélo-palestinien.

Le défunt monarque était un monstre de la communication. Encore aujourd'hui, ses interviews restent des bijoux de publicité politique. Avec quelques ratages… On se souvient par exemple de l'aplomb avec lequel il répondait aux questions d'Anne Sinclair qui l'interrogeait sur la présence de détenus d'opinion au Maroc. C'était niet, du début à la fin, droit dans les yeux. Impressionnant face aux caméras, Hassan II était aussi un talentueux orateur : presque jamais de fiches, un parlé parfois cru et mâtiné de darija, un phrasé parfois littéraire et truffé de références coraniques, en français ou en arabe… Il était à l'aise sur toutes les surfaces. A l'écrit comme à l'oral, Hassan II a été très prolifique. Outre son ouvrage autobiographique, Le Défi, plus de 10 000 pages de ses écrits (discours et interviews), répartis en une quinzaine de volumes, sont accessibles au grand public, réunis par les bons soins de feu Driss Basri. Le mythe vit toujours…
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MessageSujet: Re: Hassan II, Pourquoi il fascine encore   Hassan II, Pourquoi il fascine encore EmptyDim 6 Juil - 11:32

Personnalité. Hassan II vu par ses collaborateurs

Il y a comme une vague nostalgie qui flotte sur le pays. Les responsables politiques à la retraite (de Ahmed Osman à Abdellatif Filali en passant par Abdelhadi Boutaleb) sont de plus en plus nombreux à publier des ouvrages et à s'épancher dans la presse sur leurs relations avec l'ancien roi. A leur manière, ils contribuent à la construction de la légende hassanienne, ni vraie, ni fausse, mais simplement ressentie. Chacun, comme de juste, tire à lui la grande couverture qui enveloppe le règne hassanien. Au sujet des premières années de Hassan II en tant que roi, l'ancien Premier ministre Abdellatif Filali écrit par exemple : “Je compris qu'avec son projet de Constitution, il avait pris une décision sur laquelle il ne reviendrait pas, qu'il était décidé à régner et à gouverner en prenant lui-même toutes les décisions et sans accepter de contestation, et qu'il me fallait donc quitter le cabinet royal” (Le Maroc et le monde arabe, éd. Scali, 2008). Qu'il s'agisse de l'ancien conseiller royal Boutaleb, ou de Ahmed Osman, ancien Premier ministre, beaucoup des anciens collaborateurs de Hassan II rapportent la liberté de ton qu'ils pouvaient avoir avec le roi, du moins lorsqu'il s'agissait de confrontation d'idées. “Hassan II acceptait la contradiction. Il recherchait même souvent les avis divergents, témoigne cet ancien ministre. Il pouvait y avoir des réunions de travail un peu partout : parfois, le roi me convoquait et nous travaillions dans sa voiture sur la route de Fès. Il y avait aussi les fameuses séances de golf, où nous allions les uns après les autres auprès de Hassan II pendant qu'il marchait d'un trou au suivant. En d'autres occasions, il préférait travailler à la chasse, près de Skhirat…”. “Il avait le souci du détail et une mémoire impressionnante. Il posait beaucoup de questions et ne prenait jamais de notes. Il se souvenait pourtant toujours de la moindre décision qu'il avait prise”, témoigne cet autre proche du sérail. Hassan II a suscité une fascination réelle chez la plupart de ses collaborateurs. “C'était le plus brillant des hommes politiques de sa génération”, s'extasient-ils presque tous. Impressionnés par son charisme presque autant que par son titre, ils sont la colonne vertébrale de la légende hassanienne. Car, c'est une fois bien assise la réputation d'un monarque réellement brillant et travailleur, que la rumeur peut broder. Par exemple, lorsque la presse officielle a fait ses choux gras de la fameuse invention de Hassan II, le “Markar”, sorte de prototype d'un classique électrocardiogramme. Personne n'a alors été vraiment surpris, tant était déjà connue l'étendue de la “science hassanienne”. La flagornerie a fait le reste…



Histoire. Il était une fois la mort de Hassan II

“Nous voyions tous que Hassan II était malade, nous savions que des bruits couraient régulièrement à l'étranger sur sa mort imminente et sur l'anarchie qui s'ensuivrait mais, sachant aussi que ces bruits n'étaient pas innocents, nous n'en tenions aucun compte. Nous nous étions habitués à ses traits tirés, à sa démarche hésitante, à ses absences répétées. L'annonce de sa mort nous a finalement tous pris au dépourvu”, écrit l'historien Abdallah Laroui dans Le Maroc et Hassan II, un témoignage (PIU, 2005). Effectivement, la mort de Hassan II a laissé un grand vide. Le monde a été surpris par le calme de la rue marocaine, comme suspendue dans l'attente d'un signe. Les caméras de télévision étrangères ont par contre découvert, le jour des funérailles de Hassan II, une foule parfois hystérique pleurant son “grand roi”. Mustapha Alaoui, grand messie du journal télévisé, en avait même perdu sa voix, apparaissant sanglotant sur les écrans. La politologue Mounia Bennani Chraïbi résume bien le phénomène : “Hassan II était perçu comme le père de la nation. Quand votre père meurt, vous pleurez. Qu'il ait été tyrannique et colérique, cela importe finalement peu au moment de sa mort”. Même attendue, celle-ci est d'ailleurs restée déroutante. Dans Monarchie et islam politique au Maroc, Mohamed Tozy analyse la portée du décès de Hassan II, ce “temps de la mort composé de trois séquences […] a permis à la mécanique de Dar-al-Makhzen de fonctionner parfaitement pour résorber, dans les règles de l'art, le vide du roi”. Ce sont les fameuses “trois morts du roi” : la mort clinique, la mort institutionnelle et symbolique, et enfin la mort officielle, la vraie, annoncée par Mohammed VI. Le roi est mort, vive le roi !



Exclusif.
Moulay Hicham. “Il a joué pour moi le rôle du père”

Actuellement à l'écart de la vie politique marocaine, le cousin de Mohammed VI a accepté de nous parler de son oncle Hassan II. L'admiration et le respect transparaissent, mais les dissensions intellectuelles ne sont pas enterrées…


Partagez-vous la fascination actuelle des Marocains pour votre oncle ?
Les Marocains et Marocaines continuent à s'intéresser au règne précédent comme ils s'intéressent normalement à leur passé. Et bien sûr, il s'agit d'une mémoire toute récente qui est naturellement plus vive. Les Marocains continuent de tirer la leçon de ce règne, d'un monarque énergique, aux grands desseins, avec ses points positifs et négatifs. Nous vivons encore sous les institutions qu'il a bâties, et toujours sous le paradigme qu'il a constitué, en dépit des changements récents.

Comment vous remémorez-vous aujourd'hui Hassan II ?
Les liens d'affection et l'attachement émotionnel à l'oncle sont intacts. Naturellement, il a joué pour moi le rôle de père après le décès de mon propre père. Cela transcende les différences philosophiques et politiques mais ne les supprime pas.

Quel souvenir gardez-vous de l'homme d'Etat, de ses erreurs et de ses succès ?
D'abord, il fut un homme d'Etat de calibre exceptionnel. Cela, je l'ai vu au quotidien et tous ceux qui l'ont approché le confirment. Cela dit, une fois parvenu au trône, au lieu d'approfondir certaines pratiques consensuelles de Mohammed V, il fit le choix d'une monarchie populiste et plus autoritaire. Ces choix ont engendré des conséquences sociales difficiles à surmonter et un héritage lourd en matière de droits humains. Cependant, il ne faut pas oublier non plus qu'il a unifié le pays, qu'il a jeté les bases d'une infrastructure économique importante, et qu'à la fin de sa vie, il a su créer les conditions d'une réconciliation nationale susceptible d'aboutir à une transition démocratique. Enfin, il a su donner au Maroc une place de choix dans les relations internationales.

Comment avez-vous vécu sa mort ?
J'avais accès à lui, je suivais de très près l'évolution de sa maladie, et je m'attendais à la fin. J'ai vécu sa disparition dans la douleur, conscient également qu'elle marquait pour moi le début d'une autre vie.

Vos relations avec lui semblaient particulières, parfois houleuses. Est-ce parce que, comme l'a dit un jour Hassan II, “il ne peut y avoir deux étalons dans le même box” ?
Il s'agissait d'une relation familiale avec ses moments d'harmonie, ses moments de distance et ses moments de conflits assez rudes et éprouvants. Il y allait de l'affrontement générationnel, aussi bien que de frictions sérieuses sur le plan des idées. En gros, cette situation était à la fois semblable à celles qui prévalent dans d'autres familles, et différente compte tenu de la taille des enjeux.



Plus loin. D'un règne à l'autre

Le “nouveau règne” n'a pas vieilli, et le “jeune roi” est resté jeune. Pour beaucoup, Hassan II, c'était presque hier. Le défunt monarque a laissé partout sa marque. Sur les portraits de boutiques et d'administrations qui le représentent souvent en roi bienveillant aux côtés d'un Mohammed VI prince héritier. Sur les pièces de monnaie, toujours en circulation. Dans les esprits aussi. Neuf ans après sa disparition, l'ombre de Hassan II rôde toujours, comme un parfum de “transition” qui se laisse durer. Et pourtant, les empereurs romains ont enseigné au monde que “le portrait de César, c'est César”. En d'autres termes, le monarque et son image se confondent, et ils ne peuvent être dissociés sans porter atteinte à la symbolique du régime. C'est aussi le cas pour tout Etat fort. Il est par exemple impensable qu'un président américain ou français ne fasse pas changer les portraits officiels dès son élection. Au Maroc, c'est autre chose : chaque règne semble s'écrire à l'aune du précédent, parfois en opposition, parfois en récupération. Le petit peuple craint l'image terrible du vieux roi qu'il sait redoutable. Et c'est par crainte du crime improbable de lèse-majesté que, très souvent, on n'ose décrocher le portrait de l'ancien monarque… car l'image du roi, c'est le roi ! Cette peur souvent inconsciente, mais parfois complètement assumée, est encouragée par la “nouvelle ère” et son cortège de procès pour atteinte aux sacralités. D'un côté, on continue à déifier la monarchie, de l'autre on règle ses comptes avec l'ancien règne : on en fait le bilan sans le juger, on le réhabilite en semblant s'en démarquer. Mais qu'il s'agisse du CCDH, de l'IER, du rapport à la classe politique, ou même de la réforme du Code de la famille, Mohammed VI est resté dans la lignée de son père, en l'infléchissant parfois, sans jamais la dénaturer. Paradoxalement, c'est en façonnant à sa manière la légende hassanienne, en lui imprimant sa propre courbe (comme l'avait fait Hassan II lui-même avec Mohammed V, quitte parfois à travestir l'Histoire), que Mohammed VI pourra s'affranchir de l'image encombrante du père. Le “jeune roi” ne restera pas jeune éternellement. Mais déjà se dessine ce que sera peut-être sa légende : celle d'un roi bâtisseur. Des chantiers à la pelle, des projets à foison transforment l'image d'un pays résolument moderniste qui a bonne presse à l'international, mais qui ne brille pas pour autant sur le plan diplomatique. Question : est-ce assez pour bâtir une légende ?

Souleïman Bencheikh
http://www.telquel-online.com/330/couverture_330.shtml
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Gauloise
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MessageSujet: Re: Hassan II, Pourquoi il fascine encore   Hassan II, Pourquoi il fascine encore EmptyMer 28 Juil - 12:50

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MessageSujet: Re: Hassan II, Pourquoi il fascine encore   Hassan II, Pourquoi il fascine encore EmptyJeu 29 Juil - 11:00

Dim 6 Juil 2008 - 18:30 Smile) Sleep Sleep Sleep cheers cheers cheers bounce bounce bounce Basketball scratch lol! afro
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