[Sarah Touahri] Une marocaine examine une carte vierge des circonscriptions. Des associations dans l'ensemble du Maroc s'unissent pour proposer plus de candidates aux électeurs aux élections municipales de 2009.
Les femmes marocaines mettent leur espoir dans les élections municipales de 2009
2008-05-13
Près d'un millier d'associations marocaines se sont regroupées pour une campagne à grande échelle pour qu'il y ait plus de femmes candidates aux élections municipales de l'année prochaine.
Par Sarah Touahri pour Magharebia à Rabat – 13/05/08
Les marocaines occupent seulement 0,5% des postes politiques locaux du pays, sont candidates dans seulement 127 communes sur 1497 et sont maires dans une seule ville. A l’approche des élections municipales marocaines de 2009, la société civile se rassemble pour changer cette situation.
Les efforts pour augmenter la représentation politique des femmes au niveau municipal sont soutenus par une alliance de près d’un millier d’associations de tout le Maroc. Sous le slogan "Le Mouvement pour le tiers", la nouvelle fédération a lancé une campagne à grande échelle pour convaincre les responsables politiques de modifier le Code électoral. Les activistes veulent que la loi exige qu’au moins un tiers des candidats sur les listes soit composé de femmes aux prochaines élections municipales.
"La chose la plus importante pour nous est que les femmes participent plus. Nous ne parlons même pas de parité, mais de seulement un tiers", déclare Khadija Rebbah, présidente de la branche de Casablanca de l’Association démocratique des femmes marocaines.
Nouzha Skelli, ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, déclare qu’il est temps de donner aux femmes la place qu’elles méritent au niveau local. Si les femmes sont laissées à l’écart, affirme-t-elle, la moitié de la société se retrouvera marginalisée.
"Les femmes ont un grand potentiel et elle se voient accorder la possibilité de montrer ce dont elles sont capables" dit-elle à Magharebia, et d’ajouter : "Il est absolument essentiel que nous dépassions le chiffre de 0,56%".
Selon la présidente de l’Organisation marocaine des Droits de l’Homme, cependant, les élections municipales posent un problème majeur pour l’amélioration de la représentation des femmes. "cela est dû à l’absence de listes composées exclusivement de femmes, comme cela s’est passé au cours des élections législatives", a expliqué Amina Bouayache.
Le projet de la nouvelle fédération de sensibiliser le parlement, les partis politiques, et le gouvernement commence déjà à portes ses fruits. Certains partis politiques promettent maintenant d’augmenter la participation des femmes aux élections de l’année prochaine.
Said Ameskane, porte-parole du Mouvement Populaire, a dit à Magharebia : "Mon parti donnera une plus grande chance aux femmes. Cependant, la priorité sera donnée à celles qui travaillent au niveau de base et qui sont populaires chez les électeurs."
Le Rassemblement National des Indépendants attachera également une grande importance à désigner des candidates, déclare Anis Birou, l’un des responsables du parti.
"Il existe une volonté politique au niveau national de donner aux femmes la place qu’elles méritent au sein des autorités de prise de décision", a expliqué le professeur en sciences politiques Ahmed Badri, en remarquant que "la nomination de sept femmes au gouvernement le prouve bien ". Pourtant, ajoute-t-il, "les efforts doivent être poursuivis au niveau local, afin que le pays puisse améliorer son classement international".
"Le Maroc se classe au 92ème rang mondial en termes de représentation des femmes", a-t-il dit.
Les électeurs ne pensent pas que les femmes puissent conduire les affaires publiques. Même si de nombreux jeunes disent qu’ils feront leur choix en fonction de critères clairement définis, quel que soit le sexe du candidat, les plus âgés ne cachent pas leur préférence pour les hommes.
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"Je pense que le fait que le candidat soit un homme ou une femme importe peu. Le principal élément est que ces candidats doivent être honnêtes, titulaires du baccalauréat au moins, et qu’ils s’engagent à servir leur région", a déclaré à Magharebia Amine Belghiti, étudiant en médecine. "Je serai enchanté de voter pour une femme."
Mohamed Farkhati, infirmier âgé de 50 ans, a une opinion totalement différente : "La politique, ce n’est pas pour les femmes. Elles ne seront jamais capables de gérer les affaires mieux que les hommes. Je ne permettrai pas à une femme de diriger les affaires de ma commune" nous a-t-il dit. Son opinion est partagée par un grand nombre d’autres électeurs, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes.
Pour faire changer cet avis bien arrêté, des activités de sensibilisation seront poursuivies au niveau régional par les associations et au niveau local par les partis politiques.
Le "Mouvement pour le tiers" prévoit d’augmenter ses efforts au cours des mois à venir, à l’approche des élections municipales marocaines.
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